vendredi 12 février 2016

La peur, les moteurs de notre quotidien ...



Les peurs sont mon starter.

Étant quelqu’un d’entière, j’ai toujours agi dans le tout ou rien. Dans le noir, ou le blanc. J’ai maintenant compris que la vie était d’abord et surtout en nuances. 

Mais cette hypersensibilité, cette force démesurée que j’ai dans le ventre ne me quittera pas. 
Elle fait partie de nous. Nous les impatientes, les perfectionnistes, les « jusqu’au boutistes ». 

Pourquoi ?
Comme des personnes en permanence sur le qui-vive, la surveillance. Peur. 

Je parlais déjà des peurs. Je commence à les identifier. Je sais qu’elles sont faussées par une interprétation à côté de la réalité. 

Et pourtant, elles sont si puissantes et inconsciemment ancrées en moi

Ces derniers temps, il semble que le travail que je réalise sur moi les fassent remonter à la surface. 

La partie immergée de l’iceberg se révèle, et perturbe mes nuits déjà trop courtes. Alors, comme une alarme interne, je me réveille à la même heure chaque nuit, à la minute près. 

Je ne saurais dire pourquoi. 

Mes nuits sont désormais peuplées des souvenirs de mon enfance et de mon adolescence. 
Cette période que j’aurais voulu effacer. Effacer car elle me faisait peur. Et mes peurs, j’ai eu trop souvent l’habitude de rester bloquée derrière, au lieu de les surmonter. 
Je me souviens encore de l’odeur de ses draps, qui sentait l’homme. Sa peau douce et musclée. L’odeur de mâle qui s’est endormi. 
Son corps derrière le mien, en petites cuillères. Son bras lourdement posé sur mon flanc. Serein, calme.
Et moi, immobile. La peau à nue. L'âme à nu. 
Contre sa peau, contre ses draps, dans son lit. Le ventre noué. Angoissée. Immobile de peur de le réveiller. Immobile de peur de bouger. Immobile. 


J’ai envie de me lever, courir, fuir, être ailleurs. 
 Je me sens emprisonnée par ce bras, ce corps. Je me sens oppressée, ligotée. Je n’ai pas le choix. Je m’impose ce « rôle » inconsciemment construit. 

Image biaisée des relations. Perçues comme une emprise, une soumission. 

Alors, pour ne pas être soumise à ce rôle qui m’était destiné de par ma vie de « femme », je suis devenue dominatrice. 

Manipulant, séduisant. Laissant planer le mystère. Ignorant les regards avec habilité, maniant l’art de la persuasion et de la provocation tout pile maîtrisée. 

A vouloir tout maîtriser, vous savez, nous nous retrouvons bloquées. 

Surtout se protéger des sentiments. Pas de sentimentalité. Pourquoi ? Je risquerai trop. Trop. Il pourrait alors me rentrer dedans, m’imprégner totalement. Me faire prisonnière et m’attacher solidement.

Depuis quand ai-je eu ce concept de la relation comme d’une soumission / domination ? 

L’histoire de la famille peut être. Les non-dit. 

Les fausses interprétations de ma petite fille intérieure qui voyait sa mère comme devant tenir un rôle et son père comme un héros. 
Héros que j’avais si peur de voir partir pour d’autres femmes.

Alors je suis restée coincée derrière mes peurs, dont je n’avais même pas conscience pour la plupart.

Et en devenant une femme macho, séductrice et « comme il faut », je me suis donc mise à contrôler, maîtriser, mes émotions, mes mots, mon corps
Le modelant à ma guise, selon ce que j’imaginais être la perfection. 

Mais je n’étais jamais assez bien. 


Et plus je maîtrisais la relation, plus il tombait amoureux. Et moi, petite gamine de 16 ans, je jouais déjà à des jeux d’adultes. 
Et plus il exprimait ses sentiments, plus je me sentais en prison. Fermée dans une jolie cage dorée. 

Alors, mon corps s’est peu à peu décharné. 

Perdant ses formes, devenant anguleux. 

Est-ce que ça m’aurait sauvé des griffes du loup ? Et bien non, son corps écrasait toujours plus le mien. J’étais encore plus immobile dans ses draps. Encore plus silencieuse. Et d’un coup moins enhardie. 

Pourquoi n’avait-il rien dit ? Son regard criait son incompréhension, malgré les messages hurlant d’un corps qui maigrissait à vue d’œil. 

Voilà. 

J’avais eu peur des relations. J’ai peur des relations. Parce que dans mon inconscient, il y a un dominant, et un dominé. Or je sais que c’est faux. Que les interactions se jouent d’égal à égal. Qu’il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » réponse. Que je ne suis pas la petite élève qui doit rendre un beau devoir tout propre. 

Même si le chemin sera long avant que la confiance et la sérénité s’installe en moi, j’ai désormais compris une chose importante. 

Mes peurs sont mon point de repère. Indicateurs criant qu’il faut regarder de plus près.
  
Les peurs sont le starter de mon chemin. 

Là où il y a une angoisse, une crainte, une peur, concrète ou non, alors il y a le signe qu’il faut absolument lâcher l’envie de contrôler, et foncer. 

Foncer dans le tas. Jusqu’au bout. Quitte à tomber, ou prendre une claque. Parce que la chance que ça soit une opportunité incroyable d’avancer est plus grande que le risque imaginé.

Alors que chercher à contrôler, surveiller, a pour conséquence de nous maintenir derrière le portail de la peur.
En arrière. Le contrôle nous maintient dans la maladie. Dans le trouble alimentaire. Dans l’hyper-contrôle, dans l’hyperactivité, dans le besoin de savoir tout, dans le besoin de cadrer ses journées, d’en faire toujours plus, toujours trop. De ne plus s’écouter. 

Alors chaque peur est un défi. 

Un défi qui nous indique qu’il faut se lancer. Oser. Même si l’adrénaline nous fait trembler. Même si nos émotions seront démesurées. Nous sommes entières, mais cela peut devenir une force incroyable. 

Vos peurs sont un moteur. Vos peurs sont votre plus grande force. Foncez.


2 commentaires:

  1. Tes écrits sont vraiment très touchant Marie. Merci pour ce partage

    RépondreSupprimer
  2. Merci beaucoup à toi pour tes mots, ça me fait plaisir ...

    RépondreSupprimer