Les peurs
sont mon starter.
Étant quelqu’un d’entière, j’ai toujours agi dans le tout ou rien. Dans le noir, ou
le blanc. J’ai maintenant compris que la vie était d’abord et surtout en nuances.
Mais cette
hypersensibilité, cette force démesurée que j’ai dans le ventre ne me quittera
pas.
Elle fait partie de nous. Nous les impatientes, les perfectionnistes, les « jusqu’au
boutistes ».
Pourquoi ?
Comme des
personnes en permanence sur le qui-vive, la surveillance. Peur.
Je parlais
déjà des peurs. Je commence à les identifier. Je sais qu’elles sont faussées
par une interprétation à côté de la réalité.
Et
pourtant, elles sont si puissantes et inconsciemment ancrées en moi.
Ces
derniers temps, il semble que le travail que je réalise sur moi les fassent
remonter à la surface.
La partie
immergée de l’iceberg se révèle, et perturbe mes nuits déjà trop courtes.
Alors, comme une alarme interne, je me réveille à la même heure chaque nuit, à
la minute près.
Je ne
saurais dire pourquoi.
Cette période que j’aurais voulu effacer. Effacer car elle me faisait peur. Et
mes peurs, j’ai eu trop souvent l’habitude de rester bloquée derrière, au lieu
de les surmonter.
Je me
souviens encore de l’odeur de ses draps, qui sentait l’homme. Sa peau douce et
musclée. L’odeur de mâle qui s’est endormi.
Son corps derrière le mien, en
petites cuillères. Son bras lourdement posé sur mon flanc. Serein, calme.
Et moi,
immobile. La peau à nue. L'âme à nu.
Contre sa peau, contre ses draps, dans son lit. Le
ventre noué. Angoissée. Immobile de peur de le réveiller. Immobile de peur de
bouger. Immobile.