Les peurs
sont mon starter.
Étant quelqu’un d’entière, j’ai toujours agi dans le tout ou rien. Dans le noir, ou
le blanc. J’ai maintenant compris que la vie était d’abord et surtout en nuances.
Mais cette
hypersensibilité, cette force démesurée que j’ai dans le ventre ne me quittera
pas.
Elle fait partie de nous. Nous les impatientes, les perfectionnistes, les « jusqu’au
boutistes ».
Pourquoi ?
Comme des
personnes en permanence sur le qui-vive, la surveillance. Peur.
Je parlais
déjà des peurs. Je commence à les identifier. Je sais qu’elles sont faussées
par une interprétation à côté de la réalité.
Et
pourtant, elles sont si puissantes et inconsciemment ancrées en moi.
Ces
derniers temps, il semble que le travail que je réalise sur moi les fassent
remonter à la surface.
La partie
immergée de l’iceberg se révèle, et perturbe mes nuits déjà trop courtes.
Alors, comme une alarme interne, je me réveille à la même heure chaque nuit, à
la minute près.
Je ne
saurais dire pourquoi.
Cette période que j’aurais voulu effacer. Effacer car elle me faisait peur. Et
mes peurs, j’ai eu trop souvent l’habitude de rester bloquée derrière, au lieu
de les surmonter.
Je me
souviens encore de l’odeur de ses draps, qui sentait l’homme. Sa peau douce et
musclée. L’odeur de mâle qui s’est endormi.
Son corps derrière le mien, en
petites cuillères. Son bras lourdement posé sur mon flanc. Serein, calme.
Et moi,
immobile. La peau à nue. L'âme à nu.
Contre sa peau, contre ses draps, dans son lit. Le
ventre noué. Angoissée. Immobile de peur de le réveiller. Immobile de peur de
bouger. Immobile.
J’ai envie
de me lever, courir, fuir, être ailleurs.
Je me sens emprisonnée par ce bras,
ce corps. Je me sens oppressée, ligotée. Je n’ai pas le choix. Je m’impose ce « rôle »
inconsciemment construit.
Image biaisée des relations. Perçues comme une
emprise, une soumission.
Alors, pour ne pas être soumise à ce rôle qui m’était
destiné de par ma vie de « femme », je suis devenue dominatrice.
Manipulant,
séduisant. Laissant planer le mystère. Ignorant les regards avec habilité,
maniant l’art de la persuasion et de la provocation tout pile maîtrisée.
A vouloir
tout maîtriser, vous savez, nous nous retrouvons bloquées.
Surtout se
protéger des sentiments. Pas de sentimentalité. Pourquoi ? Je risquerai
trop. Trop. Il pourrait alors me rentrer dedans, m’imprégner totalement. Me
faire prisonnière et m’attacher solidement.
Depuis
quand ai-je eu ce concept de la relation comme d’une soumission / domination ?
L’histoire de la famille peut être. Les non-dit.
Les fausses interprétations de
ma petite fille intérieure qui voyait sa mère comme devant tenir un rôle et son
père comme un héros.
Héros que j’avais si peur de voir partir pour d’autres
femmes.
Alors je suis
restée coincée derrière mes peurs, dont je n’avais même pas conscience pour la
plupart.
Et en
devenant une femme macho, séductrice et « comme il faut », je me suis
donc mise à contrôler, maîtriser, mes émotions, mes mots, mon corps.
Le
modelant à ma guise, selon ce que j’imaginais être la perfection.
Mais je n’étais
jamais assez bien.
Et plus je
maîtrisais la relation, plus il tombait amoureux. Et moi, petite gamine de 16
ans, je jouais déjà à des jeux d’adultes.
Et plus il exprimait ses sentiments,
plus je me sentais en prison. Fermée dans une jolie cage dorée.
Alors, mon
corps s’est peu à peu décharné.
Perdant
ses formes, devenant anguleux.
Est-ce que
ça m’aurait sauvé des griffes du loup ? Et bien non, son corps écrasait
toujours plus le mien. J’étais encore plus immobile dans ses draps. Encore plus
silencieuse. Et d’un coup moins enhardie.
Pourquoi n’avait-il
rien dit ? Son regard criait son incompréhension, malgré les messages
hurlant d’un corps qui maigrissait à vue d’œil.
Voilà.
J’avais eu
peur des relations. J’ai peur des relations. Parce que dans mon inconscient, il
y a un dominant, et un dominé. Or je sais que c’est faux. Que les interactions
se jouent d’égal à égal. Qu’il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise »
réponse. Que je ne suis pas la petite élève qui doit rendre un beau devoir tout
propre.
Même si le
chemin sera long avant que la confiance et la sérénité s’installe en moi, j’ai
désormais compris une chose importante.
Mes peurs
sont mon point de repère. Indicateurs criant qu’il faut regarder de plus près.
Les peurs
sont le starter de mon chemin.

Foncer
dans le tas. Jusqu’au bout. Quitte à tomber, ou prendre une claque. Parce que
la chance que ça soit une opportunité incroyable d’avancer est plus grande que
le risque imaginé.
Alors que
chercher à contrôler, surveiller, a pour conséquence de nous maintenir derrière
le portail de la peur.
En arrière. Le contrôle nous maintient dans la maladie.
Dans le trouble alimentaire. Dans l’hyper-contrôle, dans l’hyperactivité, dans
le besoin de savoir tout, dans le besoin de cadrer ses journées, d’en faire
toujours plus, toujours trop. De ne plus s’écouter.
Alors
chaque peur est un défi.
Un défi
qui nous indique qu’il faut se lancer. Oser. Même si l’adrénaline nous fait trembler.
Même si nos émotions seront démesurées. Nous sommes entières, mais cela peut
devenir une force incroyable.
Vos peurs
sont un moteur. Vos peurs sont votre plus grande force. Foncez.
Tes écrits sont vraiment très touchant Marie. Merci pour ce partage
RépondreSupprimerMerci beaucoup à toi pour tes mots, ça me fait plaisir ...
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